TDM épisode 6: d'Inle à Bagan, tout est une question de réveil.

Pour rejoindre Nyaung U, au nord du Lac Inle, nous avions donc traversé le lac à la fin de notre trek et avons remonté une sorte de chenal menant à la zone des hôtels.

Nous logions au Queen Inn, réservé depuis Yangon, une semaine plus tôt.

Le bateau nous débarque et nous découvrons avec plaisir qu'en fait toute la bande du trek loge cote à cote, dans 2 guesthouses distinctes mais dont les jardins sont presque communs.

Cyrielle et moi nous rendons à l'accueil et lorsque la dame sort son livret des réservations, le petit doute qui m'avait tiraillé au départ du trek se confirme: on a réservé seulement pour le lendemain puisqu'on pensait faire une nuit au sud du lac...

C'est con ça comme dirait l'autre.

Ce que je n'ai pas dit, c'est qu'en arrivant dans la cour de la guesthouse quelques instants auparavant, nous étions tombé nez à nez avec Julien, un Lyonnais rencontré dans notre Tokyo Guesthouse à Yangon, avec qui on avait passé une soirée et la matinée de notre départ durant laquelle on avait partagé un repas au 999 noodle Shan (si vous allez à Yangon, foncez-y, c'est notre coup de coeur de cette ville).

Nous savions qu'il était possible qu'on se recroise mais aucun d'entre nous s'attendait que ce soit ni si tôt, ni au Queen Inn !

Soudain pris d'un éclair de lucidité, après que Julien nous ait dit qu'il avait dû prendre une chambre double, on va demander à la propriétaire s'il est possible de partager la chambre.

Après un peu de négociation et avec une petite augmentation de prix à la clef, elle finit par accepter.

Le hasard fait bien les choses: heureusement qu'il était là !

Il est déjà 17h, on se dépêche de prendre notre douche avant de rejoindre toute la bande pour un resto dans une adresse locale ou on teste notre premier curry Birman.

Il est tout autre que le curry thai et se rapproche bien plus de celui servit en Inde : riz, viande à part et avec une pléiade de différents condiments, allant des potirons aux maïs en salade, en passant par des poissons séchés, des beans mijotés, des laydy fingers ou encore des pommes de terre aux oignons et des piments émincés (mortel, faites gaffe, j'ai facilement perdu un tiers de mes papilles gustatives avec ce truc)

Le choix de viande est presque systématiquement le même partout: poulet, bœuf, mouton, œuf, cervelle de mouton ou abats (inutile de vous dire quels sont ceux qu'on prenait et ceux qu'on laissait généreusement aux locaux).

Le tout est souvent servi avec un bouillon de chien ou de rat.

Non je rigole.

On reçoit un bol au bouillon de poulet toujours hyper poivré.

Il faut aussi savoir que durant le mois de février la brasserie Myanmar avait lancé un grand jeu dont peu de voyageurs avaient connaissance: sous les capsules des bières était imprimé un code permettant de gagner différents prix comme 200 kyats (20 centimes), 1000 kyats, une autre bière ou un tshirt.

Comme les touristes n'étaient pas au courant, les Birmans ouvraient la bouteille devant vous puis reprenaient directement la capsule.

Quelle bande de petits coquins !

On avait eu l'info assez tôt et tout notre voyage fut ponctué de petites victoires qui nous ont fait économiser pas mal de sous.

Le lendemain nous avons loué des vélos pour nous rendre au Red Mountain, vignoble recemment installé sur les hauteurs du lac et produisant une gamme complète à base de cépages français.

Après un trajet à vélo agréable et une ascension épuisante, nous avons fait un tour des installations et dégusté 5 types de vins (avec les commentaires du groupe):

• un chardonnay (joli nez, beaucoup de pamplemousse et de pêche mais bien/trop jeune)
• un sauvignon (plutôt bon, très agrumé, presque comme ceux de Nouvelle-Zélande)
• un rosé (étonnamment long en bouche et plutôt bon)
• un cabernet sauvignon (sans commentaire)
• un vendanges tardives blanc (wouaw ! Le meilleur, probablement grâce aux nuits très froides et aux journée très chaudes qui on permis de laisser les grappes longtemps sur les pieds afin de les gorger de sucre...on était conquis!)

Je tiens à rassurer ici nos chers parents qui doivent, une fois de plus, nous taxer d'alcooliques...la dose reçue tournait autour de 5-10 ml....à peine de quoi humecter nos lèvres !
Après un tour dans les vignes nous sommes repartis sur nos bolides vers le marché local ou nous devions trouver des Shan noodles.
15 minutes de recherche plus tard, épuisés et affamés, nous sommes finalement rentrés dans un resto qui avait l'air local et où nous avons mangé la soupe de nouilles la plus fade de tout le séjour.

Fin de journée classique: lecture, préparation du lendemain, discussions et petit repas sur le pouce, toujours en compagnie de Julien qui avait dû migrer dans un autre hôtel au bout de la ville pour trouver une chambre individuelle de libre.

L'Inlé au lever

Le jour suivant, à 5h45, notre réveil sonnait pour nous permettre de vivre un lever de soleil sur le lac Inlé, en embarquant dans un long-tail.

Ce fut un moment absolument incroyable et unique que les nombreuses photos prises n'arrivent pas à exprimer.
La différence de température entre l'eau du lac et l'air froid engendre une brume qui s'accroche aux herbes flotantes encombrant les petits canneaux perpendiculaires au chenal que nous empruntons pour arriver au lac.
Une fois sur celui-ci on croise les pêcheurs éclairés par les premiers rayons de soleil qui passent les cimes des montagnes qui bordent le lac.
Ils sont debouts sur leur barque, pagayant du pied tandis qu'il lancent leur panniers pour les remonter chargés de petits poissons destinés à etre frits dans les étals.
Le plan d'eau est très calme, il n'y a pratiquement pas de vagues à cette heure et le moindre objet s'y reflète presque parfaitement. Quelques mouettes paresseuses flottent ça et là, donnant un coup de palme rageur pour éviter les embarcations qui se rapprochent trop.

On profite d'une heure de ce spectacle magique puis, soudain, vers 8h, le constat: il fait déjà chaud.

Tartinage de crème solaire et cap vers le marché qui, aujourd'hui, se tient au sud du lac, ascension des marches vers une pagode, quelques essais de nourriture (dont des beignets à la noix de coco...plutôt bourratifs !).

En reprenant le bateau, on fait un stop chez les tisseuses de soie qui utilisent encore des métiers à tisser avec une dextérité épatante, puis chez les rouleurs de cigares, on passe voir un silversmith et on termine au monastère qui abrite les chats sauteurs.

Plein d'espoir, nous pensions enfin apprendre comment faire faire ce genre de cabriole au notre mais tous ceux qu'on a pu rencontrer étaient avachis à l'ombre ou mangeaient du riz.

Un peu déçus, nous avons remis le cap vers notre guesthouse d'où nous devions prendre notre bus de nuit pour Bagan.

Bagan

Comme à son habitude, le voyage dans un vieux bus japonais aux sièges défoncés et au karaoké hurlant se déroule de façon à arriver à Bagan à 3 heures du matin. Pourtant, cette fois-ci cela nous arrange puisqu'on décide d'en profiter pour faire un Grand Shlem et vivre notre sunrise over Bagan !

En débarquant dans la ville, nous n'avons que quelques mètres avant de rejoindre notre guesthouse, réservée par la propriétaire de la précédente.

Les quelques rabatteurs qui s'y trouvent tapent à la fenêtre et finissent par réveiller un gars à la dent en or (qui se révélera par la suite être le gérant et cousin de l autre proprio). Il nous accueille et nous indique deux vieux canapés, tout aussi défoncés que les sièges du bus, si bien qu'on replonge rapidement dans le sommeil qu'on avait trouvé à la fin du trajet.

A 5h le réveille sonne et on réveille notre gars en lui disant qu'on a besoin de vélos, ce qui le fait aller frapper à la porte du voisin qui se révèle etre louer de bicyclettes.

Équipés de notre pull marin (il fait 9℃), de nos lampes de poche (non, en Birmanie les routes ne sont pas éclairées comme chez nous), de nos appareils photos (histoire de voir montrer à quoi ça ressemblait) et de deux touristes chinois qui nous talonnent de près, on enfourche nos destriers et on se met en route vers ce qui devrait etre la zone des temples où on espère en trouver un qui nous servira de poste d'observation.

Une bonne grosse demi heure plus tard et surtout après avoir du arrêter les 5 ou 6 véhicules croisés pour demander notre route, nous sommes enfin installés sur un temple.

Il nous offre une vue absolument parfaite de Bagan, que nous partageons en compagnie d'une 10aines d'autres personnes, réparties sur les différents niveaux.

Le moment est magique, et le devient encore plus lorsqu'une des 6 montgolfières ayant décollé au loin, s'aligne parfaitement entre le soleil et nous, semblant effectuer une chorégraphie développée pour le plaisir des spectateurs que nous formons, perchés sur ces vieux cailloux.

Vers 7h30 nous prenons le chemin en sens inverse, grignottons des samosas plutôt gras, arrosons le tout de café un peu fade, on visite 3 temples dont le rocher doré de Bagan et on finit par redébarquer vers 10h à la guesthouse....juste à temps pour s'endormir dans notre nouvelle chambre. (entendons nous...par nouvelle je ne veux pas dire qu'elle vient d'être construite...elle doit plutôt dater des années '60 à en juger par le magnifique linoléum totalement momifié qui recouvre le sol.)

Le soir, dans un sursaut d'energie, on decide de s'enchainer aussi un coucher de soleil depuis un plus petit temple...moins magique mais un bien doux spectable malgré tout...

Les 2 derniers jours de notre voyage sont bien pleins: ils se déroulent dans les temples (guidés par des petits locaux), on teste de tout dans les bouibouis où l'on partage les repas avec les voyageurs qu'on a croisé avant (on retrouvera Julien et même Christian, avec qui nous avions fait le trek la semaine précédente !).
On se délecte des cartes proposant des plats aussi insolites que droles, on termine nos lessives et surtout, surtout on découvre la viande qui seche à cote de nos fringues !

Sacrés birmans !

Le dernier soir est celui ou l'on découvre qu'une bouteille de Mandalay Rhum coûte à peine plus cher qu'une bière et on termine la soirée à ça (une pour tout le groupe évidemment, pas chacun sa bouteille quand même).

Les birmans font de même mais semblent un peu moins bien tenir la chose que nous.

En rentrant, l'un d'eux nous accompagne en nous expliquant tout en essayant de faire des wheelings avec son vélo, qu'il est chauffeur de bus et qu'il y a "No Problem" si demain on veut faire un tour avec lui.

Vous vous en doutez, par mesure de précaution et vu son état, nous avons poliment décliné l'offre.

D'autant que le lendemain nous reprenions la route vers Yangon afin de prendre notre vol retour.

Pour la dernière fois dans ce pays, nous avons débarqué à 3h30 du matin à la gare routière, négocié ferme avec le taxi pour aller jusqu'à l'aéroport ou nous avons fini la nuit, sur des banquettes métalliques presque confortables.

A 13h notre avions décolla pour nous ramener à Bangkok, où nous passerons 2 nuits avant de rallier le Laos !