TDM - épisode 10: Une boucle à moto, une capitale aux airs de village et un cours de cuisine "diplomant"

À Thakhek, grosse ville dans le centre du Laos, notre point de chute prévu était le Thakheh Travel Lodge, réputé pour sa location de moto et son livre d'informations sur la boucle.

Pour rejoindre cette ville pas d'autre choix que de prendre le bus de nuit pour Vientiane et de descendre à mi chemin. Ceci impliquait deux choses: d'une part payer le tarif plein pot comme ceux qui allaient jusqu'à la capitale et d'autre part un débarquement vers 1h du matin. Pour éviter la blague que nous avions eu en Birmanie nous étions au taquet, au moindre arrêt du bus on sautait sur le type pour lui demander si on était arrivés.

Finalement nous arrivames.

Sauf que ce ne fut non pas à la gare routière comme on nous l'avait assuré au départ, mais le long d'une route impossible à situer sur notre plan et plutôt noire.

Bien évidemment, pour pimenter le tout, pas un seul des individus abordés ne parlait anglais (ni néerlandais, très étonnant) et nous avons remis nos sacs sur le dos pour remonter la route, pensant nous rendre vers le Travel Lodge.
Fatigués et légèrement énervés, il n'a fallu que 15 minutes de marche avant de nous décider de dormir, pour les heures qui restaient, dans la première guesthouse que l'on parviendrait à trouver.
Nous n'y avons meme pas eu à réveiller qui que ce soit, il y avait un veilleur de nuit et après avoir refusé poliment la première chambre humide qu'il nous proposa, nous avons pu nous endormir dans celle, fraîchement rénovée, du dernier étage.

Le lendemain, après moultes énervement dus à la carte mal dessinée que l'auberge de Pakse nous avait fourni, saupoudré d'une dose de mauvaise volonté des quelques Laotiens à qui on demandait notre chemin, on a finalement trouvé le Travel Lodge, loué notre moto (beaucoup, beaucoup trop cher mais Mr Ku sait convaincre), mis nos sacs dans le stock, et pris le chemin des grottes et des bouddhas.

Sur les conseils des autres voyageurs l'idée de départ était de faire la boucle en 4 jours mais cette fois, la mauvaise humeur, la chaleur, le nombre de km (plus de 400 en tout!) et le peu de temps disponible nous ont fait opter pour une boucle de 2 jours, évitant les mauvais morceaux de piste et les longues remontées des routes empruntées par les camions, bus et autres engins non identifiés.

La journée se déroula paisiblement, rythmée par les arrêts permettant le changement de pilote et les photos des incroyables paysages que l'on croisait.
La dernier tronçon de route était une piste rougeâtre, fraîchement aménagée suite à la construction d'un gigantesque barage, ayant engendré des déplacements de villages entiers, la révoltes de quelques ONG locales, et la destruction de tout un éco système déjà fortement mis en péril par toute la pollution que nous sommes capables de générer.
Le spectacle y est ahurissant, à gauche de la piste se dresse une jungle dense, verte, ponctuée de petits cours d'eau. A droite, sur des kilomètres et des kilomètres, on ne voit qu'une sorte de décor de film post apocalyptique, avec des troncs d'arbres mourant debout ou déjà morts, baignant dans une eau grisâtre, aussi déprimante qu'une capitale européenne sous une pluie de novembre.

Après quelques kilomètres un 4x4 s'arrête subitement devant nous.

Un couple d'asiatiques en sort (on apprendra un peu plus tard qu'ils sont chinois) et commencent à discuter dans tous les sens, puis à partager leur papaye et à regarder avec le même regard hagard que nous, le spectacle désolant qu'offre la rive droite de la piste.
Ils repartent aussi subitement qu'ils sont arrivés et on fait de même, un peu étonnés de ce qui vient de nous arriver.

Heureusement, au bout de cette piste, nous avons atterri (littéralement atterri) dans une gueshouse posée au bord de l'eau avec un staff incroyablement drôle. On nous aménagé une tente pour la nuit puisque les bungalows étaient déjà tous pris et qu'il n'y avait pas d'autres options dans le coin. On y a mangé, bu, joué à la pétanque dans une sorte de compétition internationale mais mixte, on a sorti une des cuisinières d'un trou de 3 mètres de profondeur, creusé pour le nouveau bungalow qui s'y construit et dans lequel elle était tombée en portant son pannier de linge.

La mésaventure a d'ailleurs beaucoup fait rire les jumeaux qui tiennent l'endroit, et ils n'ont rien trouvé de mieux que de d'abord nous demander de la prendre en photo avant de la sortir de son piège.

Après une bonne nuit de sommeil et un petit-déjeuner aux aurores nous avons repris le chemin en sens inverse en visitant les grottes qui pullulent dans la région. Certaines étaient absolument bluffantes, véritables empetrements de stalagmites et tites, donnant sur des petits lacs intérieurs, reflétant parfaitement les roches. Il y faisait frais, et on aurait bien aimé y rester à l'abris des 40℃ qui nous cuisaient dehors.

De plus, dans tous les endroits visités nous étions pratiquement seuls, fin de la saison touristique oblige, ce qui a participé à la quiétude des découvertes.

Rentrés à Thakhek en fin de journée, nous avons rendus notre bécane à notre retour au Travel Lodge et dès le lendemain un bus nous remontait vers Vientiane. Remontés à bloc, nous avons enchaîné directement un second trajet en bus pour rallier Luan Prabang.

Je ne m'attarderai pas ici sur ce second morceau effectué de nuit, on vous dira juste que ce fut l'horreur, tant en terme de route qu'en terme de comfort.

Pour ceux qui devraient faire ce trajet un jour, assurez vous que le bus que l'on vous vend comme VIP est aussi et surtout couchettes. Sans quoi vous réaliserez vite que la signification se rapproche plus de Very Inconfortable Posture que de n'importe quoi d'autre.

Luan Prabang

Quel plaisir que d'arriver dans cette petite ville, toute charmante et pleine de choses à voir. Notre arrivée matinale coïncidait avec l'heure du petit déjeuner que nous avons pris, comme souvent dans cette partie du monde, assis sur de petites chaises en plastique, nos laotian coffee posés sur une petite table.

Nous avons trouvé une chambre plutôt adorable dans une petite maison qui n'en proposait que 3 et le premier tour du coin fut entamé dans la joie, la bonne humeur....et la chaleur....

Nos 3 jours dans la ville sont passés plus rapidement que nous l'aurions imaginé. Plutôt plate, elle est très facilement visitable à bicyclette et même les alentours sont abordables. On a d'ailleurs passé une partie de la journée dans une fête locale, ou tous les instituteurs de la région étaient réunis pour jouer à la pétanque, manger, boire (de la Beerlao avec des glaçons) et danser. Cyrielle à d'ailleurs épaté la foule par sa grâce et j'ai bien failli du la laisser sur place tant les latotiennes voulaient danser avec elle.

La seconde journée fut placée sous la signe de la cuisine. Ce second stage fut quelque peu différent du premier ou nous étions 12: dans un Luan Prabang pratiquement vide de touristes nous avons eu un cours privé avec 2 chefs pour nous aider dans la préparation de nos agapes.
Évidemment, cela nous a permis de vivre l'expérience autrement, notamment lorsqu'ils se sont mis en tête de nous faire manger une salade locale: crevettes du Mekong entières, quelques herbes et un peu de vinaigrette...préparé avec tant de générosité c'était indeclinable, pas mauvais mais croustillant !
Au bout de cette journée ou nos estomacs avaient eu le temps de quintupler de volume (on mange tout ce qu'on prépare !!), ils nous ont remis notre diplôme.

Le 21 mars, après un Nième voyage en bus, nous étions de retour à Vientiane d'ou partait notre prochain vol, direction Phnom Penh, capitale du Cambodge, pour notre dernière quinzaine en Asie du sud est !